mercredi 10 juillet 2013

La bienveillance


Pour quelle sombre raison et disons le d'emblée, pour quelle philosophie dangereuse devrions-nous vouloir le bien d'autrui ?

Certain dirons par complaisance. Autrement dit par intérêt, stratégie, faiblesse...

Mais la complaisance n'est pas la bienveillance justement; elle en est sa perversité (1). Passons.

Pourquoi donc la bienveillance quand l'instinct de défense doit nous protéger des autres et de leur concurrence voir de leurs agressions. Arriver en premier, être retenu, sélectionné, choisi, devancer , telle est la loi de la nature qui s'exerce au supermarché comme sur le périphérique ou à pôle emploi. Vouloir le bien de l'autre dans notre vie quotidienne, c'est s'auto-détruire. La concurrence, la rivalité, l'émulation sont le progrès.

Il s'agit là de la vision biologique du sujet. On pourrait dire capitaliste libérale, mais je ne sais pas très bien ce que cette expression signifie.

Il faut à ce stade réfléchir à la façon dont on peut accéder à cette question de la bienveillance. Pourquoi opérer ce basculement qui devrait nous amener à penser que nous devrions vouloir le bien pour l'autre et non pas son élimination ?

Je pense que cette concurrence, qui est cette valeur qui commence dès la maternelle, a autant de chance d'aboutir à une destruction de valeur qu'à son augmentation comme l'affirme la thèse évolutionniste.

Qu'est l'individu, performant mais seul, dans une situation de conflit, de guerre larvée et dans un monde ou la rareté revient au galop ... ? Quand il y a peu à gagner, à quoi sert d'être le premier ?

La bienveillance n'est plus dans ce sens le résultat et l'ambition morale d'une fable républicaine ou religieuse... Si l'on prend le temps de regarder à quoi mène la concurrence économique de nos jours, on peut légitimement se demander ce à quoi nous mène notre nature animale, c'est à dire territoriale et combattante... Maintenant, bientôt, quand tout sera rare, la concurrence deviendra la cause de la catastrophe.

Quand il y a peu pour tous, seule la solidarité et l'intelligence permet le partage des ressources vitales.
En économie d'abondance, la guerre nous permettait d'avancer en sélectionnant le meilleur vainqueur.

Quand tout manque, il faut se regrouper.
Notre printemps est fini, le temps des amours territoriaux s'achève... Face à l'hiver, devant la nécessité peut-être effrayante de partir, il faut se serrer tous sur le fil.

(1) On pourrait se demander lorsque l'on drague une fille (ou un garçon) si l'on est bienveillant ou complaisant à son égard... Deux styles.

 


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