mardi 29 juillet 2014

J'ai testé pour vous le libertinage...

Enfin, non, c'est beaucoup dire.

Nous notre truc, c'est plutôt la possibilité du libertinage, c'est à dire la simple et considérable liberté accordée de le pratiquer. Ce droit au plaisir que nous nous offrons réciproquement, mais qui n'est qu'un droit et qui, comme tous les droits, doit être utilisé avec retenue et discernement.

C'est un article de Rue89 qui me pousse à écrire ce soir. A écrire là maintenant, mais aussi il y a quelques minutes, à en parler avec elle. Cet article est le premier épisode des  "vies de baise", la nouvelle rubrique cool de rue 69, l'émanation socio-érotique de rue89. Il s'agit concrètement d'une interview, celle de "Camille" (toute les vraies libertines s'appellent Camille), qui nous raconte sa vie sexuelle. Bien évidemment, elle n'a pas été choisie au hasard.

Au risque de faire des jugements à l'emporte pièce, j'ai le sentiment qu'on est pas au top du journalisme avec cette interview. Je me m'autorise à penser que ça vaut d'ailleurs pour beaucoup d'articles sur Rue89, qui ne sont pas inintéressants à lire, mais pour lesquelles on se demande un peu quel est le but exact poursuivi. (Je digresse une seconde: avez remarqué comme les article de Rue89 sont surmontés non pas d'un titre court, mais d'une phrase, comme s'il fallait déjà expliciter ce que l'on cherche à dire sans être sur d'y arriver...). 

Bref, ça fait parler, écrire même, la preuve.
Allez donc lire ça, puisque c'est le sujet.

On apprend ainsi que les forts en drague ne sont parfois pas terrible sous la couette et que les timides méritent bien plus le détour qu'on ne le croit. Bon... Voilà quoi. Les bronzés de sortie de boite, elle a vérifié, Camille, ne sont pas toujours terrible sous la couette. Vous en doutiez ? Et puis, c'est un mec de 20 ans de plus qu'elle qui lui a tout appris. Jouir sans entrave en gros. A mon avis, Camille, elle lit Rue89... A ce demander même si elle n'y travaille pas. Pardon je fantasme.

J'arrête de critiquer bêtement. Parce qu'il y a dans cette description du libertinage plusieurs choses qui m'intéressent, en fait.

Le titre d'abord. Le libertinage produirai du calme. Je confirme, j'ai vérifié: on se bat beaucoup moins ! Enfin, sur ce sujet précis parce que pour ce qui est des lessives... Bref. Le libertinage n'est pas frénétique, passionnel et effréné. Il introduit de la douceur, il favorise la paix des ménages. Il faut beaucoup de circonspection pour parler dans son couple de l'amant ou de la maitresse de l'un ou l'autre. Sinon, gare aux vexations, à l'indifférence et finalement au silence.

Je trouve d'ailleurs que c'est un peu un truc de vieux couple, qui se révèle comme la solution de deux personnes qui savent qu'elles n'ont plus peur à avoir de grand chose. Une fois le couple solidement construit, ce n'est pas parce qu'un l'un des deux va se faire un petit plaisir ailleurs, que l'édifice s'effondre. Sinon, il y aurait des doutes à avoir sur les fondations, libertinage ou pas. (En revanche, apprendre à une fille de 18ans qui a sa première relation amoureuse à ne pas être possessive me semblerait totalement hasardeux et dangereux; pour commencer, à deux, c'est quand même mieux). Il faut de l'assurance de l'âge, la sérénité de l'expérience pour oser le libertinage. Enfin, je crois que ça aide.

Ensuite, il y a quelque chose qui m'intéresse moi particulièrement dans cette histoire de liberté sexuelle, c'est l'absence de perversité. Non pas parce que je pensais que les libertins ne sont qu'une bande de dépravés... (quand bien même ils pratique la sodomie ce qui n'est pas très catholique). Mais aujourd'hui, je pense à peu près l'inverse. Le libertinage a fonctionné, pour moi et je l'avoue sans aucune gène, comme un très bon mécanisme anti-perversion. Une sorte de sagesse dans la baise, si j'ose dire.

Je lis, par ci par là, des blogs classés libertins, et de même, je ne trouve bien souvent nulle trace de perversité morale, dans ces descriptions finalement assez froides d'ébats sexuels disons multiformes... Il y a dans le libertinage peu de fantasme, on n'utilise pas l'autre pour projeter sur lui notre propre frustration. Au contraire, je crois que le vrai libertin prend l'autre avec sympathie, comme il est. Y compris physiquement.

Ce que je dis là pourrait faire sourrire ceux qui pratiquent. Tellement c'est évident, ou faux.
Mais en ce qui me concerne, je l'ai vécu comme ça: je vais mieux depuis.
Je mens moins... Euh, je ne mens plus, même.
Et rien que pour ça, pour la paix psychologique ainsi produite, je ne reviendrai jamais en arrière.

Il y a là quelque chose de très concret, de pas intellectuel, qui me parait particulièrement sain dans cette histoire. Notre imagination est perverse, elle fausse les choses pour nous exciter; la réalité elle est simple, vraie, pure. Plus difficile donc: on n'est pas tous capable de coucher avec des tas de gens parce qu'on pas tous capable d'être avec des tas de gens.

Le libertin est animal assez social, il n'écrit pas de romans, et quand il écrit, c'est d'un ennui confondant.
Mais, il baise. Il est dans le vrai, le concret, il croise des tas de gens avec qui il a des relations plus ou moins fortes, mais bien réelles. Pour ce faire, il faut être ouvert, doux, subtil... Sinon, ce n'est juste pas possible.

Notre libertinage, à nous, m'a fait un bien fou de se point de vue là.
Le cul ça se vit, ça ne se rêve pas (...). Et, c'est peut-etre un peu pathétique, mais j'avais bien besoin d'une piqure de rappel à ce niveau là.

***

Pour autant, il faut bien juger les choses si on veut les comprendre. A défaut, on ne se laisse que la possibilité de l'écume.

***

Dans cet article et bien souvent ailleurs, le libertinage nous est décrit en permanence comme un mode de vie, alternatif dirons nous. Sous entendu par là, qu'il conteste l'ordre bourgeois établi, celui de la famille traditionnelle et du couple monogame. Pour résumer.

Or, les deux ou trois études (dont le sérieux pourrait être discuté peut-être...) qui existent sur le sujet montrent que dans les boites échangistes, l'ordre social est parfaitement respecté. Les libertins ne contestent rien du tout. Les putes de luxe baisent avec les traders aux Chandelles (je le sais, je l'ai vu) et les caissières de Carrefour regardent Jacquie et Michel (moi aussi... mais j'assume assez bien mon coté beauf). Le cul, c'est du temps et de l'argent. L'égalité ne règne pas, loin de là. Et à Neuilly, les filles sont plus jolies. Et elles ont du temps... Bref, le libertinage comme rebellion, mon cul !

Je crois pour ma part, et il faudrait vraiment argumenter mieux que moi sur cette idée, que le libertinage est le résultat d'un individualisme exacerbé. Il fonctionne, comme autrefois il l'a déjà été pour l'aristocratie, comme le signe d'une fin d'un monde, étant bien compris qu'il ne germe rien en lui du nouveau monde.

Les libertins sont tellement individualistes qu'ils ne suivent plus les codes d'aucun groupe social. Ils se disent parfois anarchiste; ce n'est pas faux. Mais on ne peut pas être anarchiste et vouloir créer quelque chose.

Ils sont dès lors leur propre société, développant une cours d'amis où la liberté et la tolérance sont obligatoirement de mise, ce qui est paradoxal. Une tolérance obligée n'en est pas une. La "Camille" de l'interview ne comprend pas qu'on puisse penser aux voisins quand on jouit. Car, elle et ses partenaires jouissent individuellement. Et pas socialement ou identiquement.

Après tout, pourquoi ne pourrait-on pas jouir vers quelqu'un...? Mes voisins, au pire.
Ce plaisir sonore que finalement la femme expulse, vers qui va-t-il ? Personne j'ai l'impression...

Le libertinage comme mode de vie n'est que le signe d'un individualisme absolu, celui qui ne conçoit même plus la notion de groupe, d'identité. Et par le fait, ce qui est grave et triste, les passions, les fantasmes (on y revient), les sentiments en prennent un sérieux coup.

Si j'étais journaliste à Rue89, j'aimerai trouver des gens à interviewer qui me parlent d'amour et de cul, en même temps. Que diable, c'est quand même ça qui compte non ? Le vrai sujet pour un adolescent moderne pourrait être par exemple: peut-on être libre et amoureux ?
Je suis sur qu'il y a des tas de gens qui inventent leur petites solutions dans l'ombre, qui protègent leur couple comme un trésor, à coup de petits bouts de libertinage bien dosé... Sans en faire surtout, un mode de vie et une revendication, déjà vraiment pas nouvelle, et qui frise le ridicule parfois. Sans rire, en lisant l'article, vous l'enviez, vous Camille ?

Une fille qui jouit comme elle veut serait elle une rebelle ?
Pour un machiste, oui. Ne soyez pas, les filles, des rebelles de l'orgasme. Vous ne réussirez qu'à être les pantins du machisme ambiant, particulièrement puissant parce-qu'un inscrit dans la société. Les femmes ne devraient surtout pas considérer leur liberté de jouir comme une revendication. Mais comme la possibilité d'un souffle court, qui ne dois rien à personne, mais toléré pas tous.

En réalité, l'orgasme féminin n'est pas plus important que le masculin; il ne dit rien en soi et accepte toutes les significations qu'on voudra bien lui donner. Or,  je trouve que la "Camille" de rue89 (pas Polloni hein, celle de l'article) qui se défend de chercher la performance, finit bien mal son interview sur ce plan là.

Performant, endurant non, mais imaginatif s'il vous plait, les mecs...
Sinon dégage ?
Tout ça pour ça...

Nous, nous nous sommes seulement donnés la possibilité du libertinage. Or, l'usage en a été fait à 45%, d'abord parce qu'il n'y a jamais eu aucun choix calculé la dedans; les choses se sont faites ainsi, simplement. Ce qui compte finalement, c'est peut-être d'en retenir les avantages, la paix dans le couple, sans en faire un mode de vie. J'ai l'impression parfois, que ceux qui le vivent à 100%, ne vivent que pour ça. Comme Camille.

Voilà une activité totalement chronophage et en réalité, asocialisante. Trouver des plans Q à peu près corrects, c'est à dire pour le moins pas humiliants, ça prend un temps dingue. Au point d'en ralentir des études universitaires ou bien d'avoir un impact sur la vie professionnelle. Franchement, moi, j'y arrive pas en terme de temps passé. Et encore moins d'argent...
Sinon, ce sont ou ma femme ou mon travail, qui morflent, ce qui n'est pas possible.

Je connais actuellement quelqu'un qui se fait virer de son boulot pour cette raison... Elle a fait une vidéo, avec son amant. Pas au bonne endroit. Elle est virée et il n'y aura pas de prudhomme. Toute seule avant, toute seule pendant, toute seule maintenant. Elle a cru qu'elle pouvait jouir sans entrave peut-être...

Le libertinage doit rester une simple possibilité.

Comme allez au cinéma sans son mari.
Ce soir deux heures de baise totale... Parce que j'ai envie, que personne n'en saura rien, et que ma femme m'a dit fonce. Une parenthèse, une bulle éphémère, une respiration. Un cri. Etouffé.

Qui permettrait toutes les histoires les plus romanesques, et seraient inénarrables dans un simple article de presse. Numérique en plus.

Oui: un petit cri étouffé dans l'oreiller.
Non pas parce qu'on assume pas; mais parce que les autres existent.
Et puis étouffé, un cri, c'est beau. Non ?

Il ne faudrait pas oublier le beau dans tout ça.


lundi 21 juillet 2014

La paix des dessinateurs...

A ma droite, Dilem, dessinateur algérien...
Déjà, rien que ça: "dessinateur algérien", ça mérite le respect.
Il est capable de vous faire rire de tout.



Et pour la partie israélienne, Kichka ... Qui a réfléchit un peu.