L'amour

C'était il y a très longtemps.

Un TD de droit commercial auquel personnellement je ne comprenais rien, ce qui ne me posait aucun problème.

Une fille devait présenter un exposé, un professeur à la limite du libidineux. C'était l'après-midi, on dormait.

Un voisin que je ne connaissais pas.

La fille avait un vrai problème... Extravertie, sociabilité excessive, séductrice désespérée devant un professeur opportuniste. Elle n'avait rien fait, rien préparé et elle s'enfonçait dans une comédie pathétique pour donner le change. La salle pouffait au début...

Lassé, le professeur l'a arrêtée et détruite. Littéralement.
Elle a pleuré, à moitié crié ... Tout le monde regardait ses pompes. On aurait tous voulu être ailleurs.

Sauf, mon voisin. Il était bouche ouverte depuis le début.

Sans vraiment me voir, il se penche vers moi et me souffle:

-"putain, cette fille, le jour où elle trouvera le mec qui saura s'occuper d'elle, ce sera une merveille..."

Son émotion était totale, et je ne sais plus ce que j'ai trouvé à répondre, mais je me souviens de cet instant, parce que je pensais exactement la même chose au même moment.

Cette fille, c'était un appel au secours permanent. J'espère qu'elle va bien, je ne l'ai jamais revue.
On n'a eu aucune explication en cours.

Elle était si belle...

Non, finalement, il me semble que je n'avais pas de voisin ce jour là.

#On na violer la France !

Dans mon supermarché bio habituel, un drôle de type au look "écolo peau de mouton" tente de persuader la vendeuse que le terrorisme autonome ça n'existe pas.

Il est allé chercher ça où cet idiot du village planétaire ... ?

Le terrorisme autonome ça n'existe pas. En voilà, une question !

Ce qui est sur c'est que grace à Charlie, le terrorisme vient de se trouver un soutien populaire qu'il n'attendait peut-être pas.

Le terrorisme normalement, ça devrait être une affaire d'Etat. Le peuple ne devrait rien avoir affaire la-dedans.

Mais justement, il y a toujours le risque de voir les gens que l'on instrumentalise, prendre leur autonomie. Le terrorisme actuel est la variante autonome du terrorisme d'Etat.

Il a un train de retard mon idiot du village.

Et j'ai peur, peur que cet avatar de la violence soit le monstre absolu.
Un retour à la sauvagerie primitive: tuer pour voler la terre.

La razzia.

La stupidité serait de parler de religion.
La religion n'est que l'instrument facile pour motiver le soldat.

Dieu n'a rien à voir la dedans.
En fait ... il s'agit des femmes.

J'ai très peur pour certaines.

Et ce sera la guerre ?

... faut-il que je publie ici le dessin du prophète de Charb ?

Je pense à tous ces gens, cette culture, ces Etats qui ne sont pas venus à la manifestation à cause de ça.

Il faut aussi n'insulter personne...

... il faudrait aussi ne rien risquer en le faisant.

Il s'agit d'une question de respect mutuel.

Il y a tellement de gens qui ne nous croient plus, qui ne nous écoutent plus.

Qu'aller vous faire de tous vos crayons ?

Dessiner des prophètes, par votre droit divin à le faire ?

Le Maroc n'est pas venu... Je crois même qu'il n'est pas près de revenir.

J'ai l'impression diffuse et effrayante qu'un gouffre vient de se creuser.

Depuis la première balle jusqu'à dimanche soir, nous avons tellement détruis.

Cabu est mort.
J'y arrive pas ... Tout ce manque d'intelligence.
Qu'on m'explique pourquoi trois abrutis de banlieue ont bougé la planète plus qu'aucun caricaturiste ne l'a jamais fait... Le terrorisme il faut y croire; et nous croyons ce qu'ils disent. Abattre un journal déjà moribond ne serait pas si important sinon.

Les crayons contre la Kalach ?
Ou le Famas... Peu importe.
Je n'ai pas le gout du suicide.

Sinon se soumettre à un Islam modéré ...  là probablement est la dernière provocation.
S'il y a quelque chose à défendre, c'est bien lui. Il a tellement d'ennemis en Orient et ... en Occident, l'Islam des doux. Il est tellement proche de nous.

Non décidément, je pleure Cabu mais je ne publierai pas les caricatures de Mohammed.
Les salauds seraient trop contents.

La volonté de djihad ne doit influencer ni nos crayons, ni nos Famas...

Et bonne année bien sur...