jeudi 31 octobre 2013

L'existence d'Adèle

Elle hurle Emma.

- "Tu fais quoi là ? tu le suces dans la voiture et après tu viens poser ta bouche sur moi c'est ça ?!! t'es qu'une traînée, une pute !"

Et Adèle chiale. Acculée contre la porte d'entrée de l'appartement, elle sanglote l'aveu de sa bêtise. Elle prend une baffe et Emma alors, sans une hésitation, la vire et l'abandonne sur le palier. Adèle a beau hurler qu'elle ne peut pas la mettre dehors, qu'il est impossible qu'elle fasse ça...

Il y a des intégristes des sentiments; Emma n'est pas sa mère ni sa maîtresse d'école. La morve au nez, Adèle a pris la porte, dans la gueule. Et bien plus que la porte... Fin de l'adolescence.

Scène exceptionnelle.

Elle s'en remettra. Un peu.
Sa vie n'est pas une tragédie, elle n'est pas Antigone et de toute façon, elle est nulle en philo.
Plus tard, Emma lui dira qu'elle ne l'aime plus. Adèle lui soufflera, "vas-y casse toi" en souriant... Libres de leurs sentiments, en prise avec leur destin ? Peut-être.
Le risque de la tragédie n'est pas loin quand même.

Dans cette histoire, nous assistons à la rencontre et l'affrontement entre l'essence d'Adèle, lycéenne avide ses profs, des spaghettis de son père, et d'amour aussi et l'existence d'Emma, la lesbienne de toujours, artiste convaincue et cultivée. Emma est la normative, la moraliste, l’intransigeante. Si elle négocie, son monde s'effondre. Alors, elle ne négocie rien, surtout pas sur son art. Adèle n'a qu'à suivre. Et encore...

Cette rencontre est d'abord purement belle. Tout est beau: le premier regard, la première séance de drague, et puis les bouches et les mains plantées dans les fesses de l'autre. Toutes ses scènes sont de purs moments de cinéma. Même la caricature d'un baiser sous un arbre avec le soleil qui brille en paysage devient une oeuvre magnifique.

Les deux filles vont donc se manger: ce film est un plan de trois heures sur la bouches d'Adèle et se qu'elle en fait.

Adèle apprend; Emma l'aide en philo, l'emmène dans les manifs, et la confronte sans y penser au gentil monde des artistes. Or, pour parler il faut manger; alors Adèle leur fait des pâtes. Et l’intelligentsia se goberge. Emma démontre et Adèle est en cuisine. On imagine la suite...

Mais non, il n'y aura pas de tragédie, pas de drames, pas d’événements.
Adèle mange; et quand on mange, au moins on peut apprendre à parler. Alors, elle deviendra institutrice. Mettre des pâtes dans sa bouche, mettre des sexes et puis enfin, comme le fil d'une histoire qui progresse, mettre des mots.

Emma elle est le point fixe. Elle est la théorie. 
La théorie qui avait juste besoin de manger... Mais la théorie a besoin de la théorie et Adèle n'en a aucune. Adèle boit et mange d'abord; et ainsi, elle s'adapte. Aux deux sexes par exemple.

Il y a les corps avant tout. Les corps mélangés d'Adèle et Emma, comme des œuvres en mouvement, des natures vivantes. Et puis Emma peint Adèle. 
- je peux bouger, demande Adèle timidement pendant qu'elle pose.
- bien sur, pouffe Emma, puisque le modèle doit bouger.

Emma prouve et fixe ce qui existe, Adèle évolue et grandit.

Il y a dans ce film de formidables scènes de classe, où l'on ne montre la relation entre le professeur et l'élève. Le professeur qui démontre, qui guide. Et l'élève qui prend ce risque pervers de parler. Penser s'est désobéir. Et pourtant, il va le faire.

Je me souviens de mes cours de philo en terminale... Je regarde mon professeur...Si je le perds de vue, je n'y arriverai pas. On rigole, on se moque... Le groupe a peur, parce que j'utilise ma bouche. Un seul parle et tous déjà se défendent.

Kéchiche braque sa caméra sur un lycéen. Il s'est lançé lui aussi... Il a peur, il ne va pas y arriver... Mais lui aussi veut rouler une pelle à la pensée. Le sujet est dur, ça parle du rapport entre le vice et la Nature. La voisine baisse la tête, sourit, les mots ne viennent pas ou se bouscule. Il va se planter ...

Mais lui, il sait... il sait qu'il a compris, que l'instinct va rejoindre la théorie. Alors, il peut parler.

Et, le silence. Avoir gagné le silence.
Le professeur a alors tout le temps et la place pour dire..."Merci".

Il n'y a pas de fin du coup; Adèle et ses potes vont éviter la tragédie et l'histoire continue, peut-être.


Ce film est un grand film parce que ce qu'à fait le réalisateur est inimaginable.

Au vue du résultat, on peut légitiment penser que c'est un salaud d'ailleurs; ce ne serait pas le premier. Le cinéma français n'utilise pas des acteurs qui font des rôles de composition comme l'actor's studio. C'est un cinéma vicieux, qui utilise les gens tels qu'ils sont. C'est pour cela que ce cinéma là n'est pas un produit, mais parfois un objet artistique.

Quand les scènes sont toutes refaites vingt fois pour obtenir un résultat précis, la critique devient inutile. Il faut juste accueillir le film comme les deux filles se sont ouvertes l'une à l'autre et comprendre. Les choix ont déjà été faits, on ne nous demande plus notre avis. L'art n'est pas démocratique.

De toute façon, avant de voir le film, je savais que j'allais aimer.







samedi 19 octobre 2013

dimanche 13 octobre 2013

Plaisir d'offrir, joie de recevoir !

Au final, les blogs qui fonctionnent bien, sont quand même sont dont le niveau de vie de leur propriétaire est élevé. Je crois qu'il y a un lien direct entre l'activité d'un blog (de cul je parle) et le salaire du taulier...

Mmm ... alors qui me lit pour moins de 1500e par mois ?

(Quand je dis moi, c'est moi ou un autre n'est ce pas...).

C'est normal, quand on travaille dans un quartier riche comme moi, on comprend vite.
Les filles y sont plus jolies.
Des effets de l'argent sur la génétique.
Vérifiez si vous voulez.

Nan parce que, sortir 80 à 100 euros pour aller "jouer", ça veut quand même dire qu'on est pas à 100 euros près ...

J'aimerai bien savoir, les meilleurs blogs là ... vous êtes à combien de budget par an ?
Tout compris ?
(Je pourrai demander comment ça apparait dans le budget famille mais je vais rester sage...).

Je juge pas notez bien... Parfois, l'argent prouve le niveau d'investissement.
Comme chez le psy.

Je juge pas, mais comment dire, je suis pas à l'aise avec tout ça...