samedi 12 avril 2014

Espace public et autres considérations

La notion "d'Espace public" est une idée de la philosophie politique particulièrement complexe à discuter.

Je reprends cette petite présentation de Thierry Paquot pour vous situer rapidement les choses:

            "Au singulier, l'espace public désigne la sphère du débat politique, la publicité des opinions privées, qui participent à la vie commune en devenant publiques. Au pluriel, les espaces publics, depuis une trentaine d'années en France, correspondent au réseau viaire, rues et boulevards, places et parvis, parcs et jardins, bref à toutes les voies de circulation qui sont ouvertes au public. Les deux ont, par conséquent, à voir avec la communication. La mondialisation de l'économie capitaliste, la révolution communicationnelle, la mutation des supports médiatiques (appartenant à une poignée d'entreprises), le déploiement de la vidéosurveillance, la construction de murs, la privatisation de nombreux territoires urbains « effacent » les espaces publics, entravant ainsi l'émergence d'expériences alternatives. L'urbanisation planétaire, avec les centres commerciaux, le tourisme de masse, le mobilier urbain, les enclaves sécurisées, etc., transforme les usages des espaces publics et les uniformise. Pourtant, des résistances se manifestent (spectacles de rue, code de la rue, cyber-rue, etc.) et associent aux espaces publics, gratuits et accessibles, l'esprit de la ville".

Cette "sphère du débat politique" est un principe particulièrement ardu à définir; le terme d'ailleurs de "sphère" est bien flou d'emblée.

L'un des principes de notre Espace public en France est constitué par ce que l'on appelle l'Intérêt général. Cette idée est notre référence à tous même on l'oublie bien souvent. Dans nos tribunaux, l'un de ses garant est ce que l'on appelle le ministère public. PLus localement, il s'agit du préfêt; dans nos hautes juridictions, il se nomme encore commissaire du gouvernement. Ils sont les hommes et les symboles d'une République aux ambitions extrêmes, mais que plus personne ne comprend et ne défend. Nous n'avons plus les moyens de ce luxe institutionnel.

Etrangement, on nous dit que la vie privée est aujourd'hui menacée. En réalité, c'est bien la vie ou l'espace public qui s'effondrent, et avec eux toutes les institutions qui s'étaient données pour mission de défendre justement la vie privée, par exemple. Dans un même mouvement la vie privée et l'espace public sont attaqués.

Or, il se trouve que L'Europe s'engage dans un cycle de négociation avec les Etats-unis sur le commerce et le libre échange,  période qui promet d'être cruciale. Marianne vient de titrer "comment les Etats-unis vont nous bouffer...". Allons bon ? C'est à ce point. Oui, et ce n'est pas une surprise.

Amis lecteurs, tu vas apprendre à devenir un colonisé.
Pour un Français, c'est assez nouveau faut avouer.

Concrètement, l'enjeu est de savoir comment nous allons faire pour éviter que l'Etat français soit mis en accusation devant des juridictions internationales qui nous "échappent", par des multinationales sur-puissantes, pour son refus de l'exploitation du gaz de schiste. Par exemple.

Le Canard enchaîné remarquait la semaine dernière que le Canada avait perdu à peu près tous ces procès contre les Etats-unis dans le cadre de l'ALENA. Inquiétant non ?

Plus que le gaz de schiste, c'est en premier lieu l'agriculture qui va être au coeur des débats. C'est qu'en France, il y a du fric à faire. On est encore au moyen-âge du machinisme et des gens puissants ont de grands projets pour nous. Guerre de l'eau, guerre du lait, guerre de la graines. L'histoire est loin d'être finie.

Je reviens à mon sujet: ces négociations n'ont clairement rien de démocratiques. Chez Monsanto, on ne vote pas, on est corporate... Quand bien même, la liberté des commerçants ira l'encontre de l'intérêt général des citoyens, ces derniers qui ne sont d'abord que des clients devront se taire. Il n'y aura pas l'espace pour protester.

Chacun sent bien aujourd'hui que notre monde ne progresse plus au vu de principes généraux "sociaux" mais qu'il évolue au gré de l'affrontement des lobbys, des groupes de pressions et des intérêts économiques. Et ces gens, contrairement aux apparences, ont comme par hasard horreur de la publicité.
Surtout gratuite.

Ils n'aiment pas trop la possibilité même d'un espace public.

Il y en a qui par contre à tout mis sur place publique: le dénommé Snowden. On n'a pas bien mesuré la valeur historique de l'affaire. Qu'est que dit de l'Amérique cette trahison du 21ème siècle ? Qui donc peut raisonnablement croire que le sens de l'Histoire va de l'Ouest vers l'Est ? La guerre froide est finie, tout a changé. Alors comment comprendre cette affaire ?

Et comme corollaire simple, peut-on encore aujourd'hui croire en l'Amérique ? Qu'avons nous encore de commun avec ce pays du bic mac et des armes en vente libre ... Au milieu, la vieille Europe et ses idées incompréhensibles va être la victime toute désignée de l'affrontement des gros.

Alors, à la limite, s'il fallait choisir, je sais bien que je n'hésiterai pas une seule seconde.
Vous la voyez vous la frontière entre la Russie et l'Europe ?

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